Photo de couverture ; Dans une boutique traditionnelle du souk des Chaouachias, à Tunis. © FETHI BELAID/AFP
La chéchia, couvre-chef rouge vermillon qui doit sa teinte à la cochenille a été implantée en Tunisie en 1492.
Ce sont les andalous, expulsés d’Espagne après la reconquista qui ont lancé la fabrication à une grande échelle de la chéchia.
A cette époque, la Tunisie hébergeait un grand souk qui faisait travailler près de 140.000 ouvriers.
Le pays exportait sa marchandise vers les pays du Maghreb, de l’Afrique noire et même du moyen-orient.
Selon les goûts de ces pays, la chéchia était déclinée en diverses couleurs: noire, blanche etc…
Avec la chute de l’empire Ottoman et l’avènement de Mustapha Kamel Ataturk en 1925, les turques ont opté pour le costume européen cependant ils refusaient d’adopter leur chapeau.
Ils ont demandé aux artisans tunisiens avec qui ils partageaient la religion et la culture de leur confectionner une chéchia à la fois moderne et authentique qui s’accommode élégamment avec le costume européen.
Ainsi, est née la chéchia stambouli: un désign spécifique, de forme oblongue, conique avec un gland noir au sommet.
Comme le modèle était destiné exclusivement aux dignitaires turques, on le nomma chéchia stambouli en référence à Istamboul, la capitale turque de l’époque.
Pus tard, fort de son succès la chéchia stambouli a été exportée au Maroc où elle prit le nom de Fez, au moyen orient tarabouche, et chez nous chechia majidi.
Alors que la chéchia basique était reservée au bon peuple, la chéchia stambouli était destinée aux aristocrates, intellectuels ( Taha Hussein,Tahar El Hadded ), journalistes (Abdelaziz Laroui) et aux hommes politiques( Bourguiba, Mohamed 5) au temps de la lutte pour l’indépendance.
La fabrication de la chéchia a décliné au début des années 80 et il ne reste plus à l’heure actuelle qu’une trentaine d’artisans au souk où la majorité des échoppes ont mis la clé sous le paillasson.
Pour affirmer notre tunisianité, les autorités ont tenté de booster le secteur au début des années 90 et même après la révolution en ayant recours à un design plus moderne mais en vain, à l’instar du sefsari qui fera l’objet d’un prochain statut.
Un texte par Seif Karoui