Adossé contre le mont Boukornine il existe un édifice imposant dont les murs lézardés et la décrépitude témoignant d’un état de délabrement avancé, laissent entrevoir malgré tout un lointain passé prestigieux.
Ce bâtiment est ce que fût la résidence d’hiver des beys de TUNIS.
Le premier pavillon voit le jour au milieu du 18ème siècle sous le règne d’Ali Bacha Bey grâce aux eaux thermales qui surgissent au pied du Boukornine par deux sources: Ain el bey et Ain el aryen. En 1826 Hussein Bey 2 construit un palais à côté d’un caravansérail.
En effet, la banlieue de Hammem lif en plus d’être une station balnéaire, était réputée depuis l’invasion des arabes par ses eaux thermales bénéfiques particulièrement pour le nez حمام الانف .
Le palais agrandi sous le règne de différents beys successifs a été occupé par la dynastie husseinite jusqu’à l’indépendance en 1957.
A l’époque de son édification, il existait devant le palais une belle allée bordée d’arbres qui arrivait jusqu’à la plage malheureusement disparue depuis car supplantée par le siège actuel de la municipalité.
L’intérieur du palais a vu se dérouler des évènements historiques majeurs. Moncef bey, le bey du peuple s’y est réfugié lors du bombardement de TUNIS pendant la deuxième guerre mondiale quand il a refusé de pactiser avec l’armée Allemande. Ceci n’a pas empêché le Résident Général de l’époque de l’accuser de collaboration en l’humiliant dans son propre palais avant de le trainer à la résidence générale et le laisser mariner des heures dans son carrosse pour finir par lui intimer l’ordre d’abdiquer avant de l’exiler à Laghouat dans le sud Algérien puis à Pau en France où il mourût.
Après l’indépendance la Tunisie de Bourguiba n’a pas su préserver le patrimoine beylical. Certaines demeures ont été tout simplement rasées, d’autres ont été délaissées pour tomber peu à peu en ruines.
Le palais de Hammem lif utilisé un moment pour la formation professionnelle des femmes a été livré par la suite aux squatters qui l’ont détérioré volant au passage carreaux de faience d’Italie, marbre de carrare, portes etc..
Le palais est tombé ensuite en ruine pour ne plus devenir que l’ombre de lui même.
Heureusement aux dernières nouvelles, la municipalité de Hammem Lif et des associations de sauvegarde du patrimoine ont repris les choses en main en vue de redonner à ce palais son lustre d’antan.
Par Seif Karoui