Leurs noms désignent les couples fusionnels ou encore une forme de bus articulé, et ont intégré depuis des décennies le champ lexical tunisien. Il s’agit de “Zina w Aziza”.
Derrière cette expression se cache deux femmes, deux sœurs, à la présence imposante: Chedlia et Mahbouba Bouzaïane. Elles entament leur carrière dans les cafés chantants, dits “Cafichanta”, à Bab Souika, dans les années 50. Elles avaient commencé par le chant, mais sans grand succès. C’est par la danse, qu’elles ont capté les regards du public.
Si Ridha Kalaï les a découvert et leurs a donné les noms de Zina et Aziza, c’est auprès des monuments de la chanson et de la danse folklorique tunisienne, Ismaïl Hattab et Hamdi Laghbabi qu’elles ont gagné en notoriété, devenant les icônes de la danse bédouine dans les années 60 et 70.
Cette célébrité n’est pas sans rappeler le parcours d’autres femmes comme elles, à l’instar d’Aicha et Mamia, Zohra Lambouba, Meherzia, etc, qui ont excellé, elles aussi, dans les pas de danses populaires.
Les deux sœurs ont sillonné le monde en dansant dans de nombreux festivals, sous les regards d’un public intrigué par leur synergie.
L’aura de Zina et Aziza atteindra même le festival de Cannes en 1958: les danseuses avait participé au film de Jacques Baratier “Goha” aux côtés de Omar Chérif et Claudia Cardinal. Le film a été présenté, cette année là, au festival de Cannes.
Mais la plus emblématique prestation de ce duo restera le spectacle de “La Nouba”, en 1991 sur la scène de l’amphithéâtre de Carthage, aux côtés de Ismaïl Hattab, Hedi Habouba, Lotfi Bouchnak, Lilia Dahmani, Slah Mosbah…
Après un tel parcours exceptionnel, Zina et Aziza affirment avoir vécu “heureuses” et comblées par l’amour de leur public.
Des années après, la légende est intacte.
Un texte de Rihab Boukhayatia