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Les Journées Théâtrales de Carthage s’ouvrent sur une ode à la vie et à la résistance à travers l’art

Les Journées Théâtrales de Carthage s’ouvrent sur une ode à la vie et à la résistance à travers l’art

Journées Théâtrales Carthage ouvrent ode vie résistance travers art

La 24e édition des Journées Théâtrales de Carthage (JTC) a été lancée samedi soir dans divers espaces de la capitale. La cérémonie d’ouverture officielle, qui s’est déroulée sur la façade du Théâtre municipal de Tunis, a été marquée par la présentation de la performance espagnole intitulée « Finale ». Les maîtresses de cérémonie, Sonia Youni de Tunisie et Dalel Fayadh d’origine palestinienne et jordanienne, ont dirigé l’événement. Un démarrage sous le signe de la vie et de la résistance par l’art, promettant une édition riche en découvertes théâtrales.

Le programme au Théâtre de l’Opéra de Tunis, situé à la Cité de la culture, a été marqué par la présentation du spectacle « Jungle Book » du metteur en scène américain Robert Wilson. Représentant la France, une deuxième représentation de ce spectacle est prévue le dimanche 3 décembre. Cette année, en solidarité avec les Palestiniens, les festivités des cérémonies d’ouverture et de clôture ont été annulées. Cependant, une lecture de la poésie de Mahmoud Darwish a été effectuée par l’acteur tunisien Raouf ben Amor, ajoutant une touche artistique significative aux événements.

La dramaturge libanaise Hanan Haj Ali a ému l’audience en lisant un poème poignant du jeune Gazaoui Haydar al Gahzali, décrivant sa vie sous les bombardements massifs de l’occupation. De retour en Tunisie après 40 ans depuis sa première pièce présentée, elle a salué « la fidélité de la Tunisie et sa défense continue de la cause palestinienne, une cause de justice et de liberté ».

Les intermèdes musicaux ont été assurés par la talentueuse Syrienne Lynn Adib, accompagnée de deux musiciens. Elle a interprété « Yemma » (maman), une chanson de deuil dédiée aux femmes palestiniennes qui perdent chaque jour leurs enfants et leurs proches. Ces moments artistiques ont ajouté une dimension profonde et émotionnelle aux Journées Théâtrales de Carthage, soulignant l’importance de l’expression artistique dans la défense des causes humanitaires.

Dans son discours inaugural des JTC, Moez Mrabet, directeur artistique et président du comité d’organisation de cette édition, a affirmé que « les JTC ont toujours été et resteront des défenseurs des causes de la vérité, de la justice et de la dignité humaine, où qu’elles soient, y compris la cause palestinienne. Oui, nous sommes avec vous jusqu’à ce que vous « deveniez une patrie, comme l’avait prédit le grand poète Mahmud Darwish ».

Il a présenté le slogan de cette édition, « avec le théâtre nous vivons, avec l’art nous résistons », soulignant son importance dans la résistance et l’affirmation de la vie face aux défis. Mrabet a conclu en déclarant fièrement que ce slogan résume le thème de l’édition actuelle des Journées Théâtrales de Carthage, mettant en avant la puissance de l’art et du théâtre comme des moyens de résilience et de prise de position face aux enjeux contemporains.

Mrabet a réfléchi sur l’histoire du festival en déclarant : « 40 années se sont écoulées, accumulant la créativité à travers des spectacles sur la scène des théâtres tunisiens, arabes et africains, écrivant un chapitre intemporel et témoignant que le théâtre reste l’art le plus noble, diffusant les plus hautes vertus et les plus nobles valeurs ».

Il a souligné que le théâtre, en tant qu’art, a toujours été une arène lumineuse abordant des questions brûlantes des nations et de l’humanité. En tant que directeur général du Théâtre national Tunisien (TNT), qui assure l’organisation du festival, Mrabet a rappelé que depuis leur création en 1983 jusqu’en 2009, les JTC étaient organisées par le TNT. De 2011 à 2022, l’organisation du festival avait été confiée à une instance indépendante.

Lors de son discours, au nom de la ministre des Affaires Culturelles Hayet Ketat Guermazi, son chef de cabinet Lassaad Saïd a évoqué la situation difficile dans la Bande de Gaza au cours de cette édition des JTC, soulignant que le festival « perpétue la défense des valeurs universelles de la justice, de la paix et de la tolérance, ainsi que des causes justes, en premier lieu la cause palestinienne ».

Il a également souligné que la tenue de cette édition coïncide avec la célébration du 40e anniversaire des JTC, estimant que le festival a atteint « la maturité et la sagesse » après avoir laissé « son empreinte dans le monde arabe et africain ».

Le représentant du ministère des Affaires culturelles a réaffirmé la volonté de persévérer dans la même orientation cette année, marquant la première édition des JT Cap, le premier marché dédié à l’échange et à la fusion de l’art et du commerce dans la ville. Le JTCap vise à établir des collaborations globales et à élargir les réseaux d’échange entre les artistes du monde arabe et africain et les professionnels du spectacle venus du monde entier.

La cérémonie a été marquée par un hommage posthume rendu à des figures tunisiennes du 4e art : Moncef Charfedine, Mohamed Kadous Abdelghani Ben Tara, Rim Hamrouni et Lassaad Mehwachi. L’homme de théâtre et ancien ministre de la culture Abderraouf Basti, le comédien Houcine Mahnouch et la comédienne Nejia Ouerghi ont été honorés, aux côtés de 6 figures du théâtre arabe et africain, dont le célèbre comédien et metteur en scène libanais Roger Assaf et sa compatriote l’actrice et dramaturge Hanan Haj Ali, l’acteur Iranien Amin Zendakni et sa compatriote l’actrice Elham Hamidi, le marionnettiste malien Yaya Coulibaly, et la journaliste et professeur de théâtre égyptienne Hala Sarhan.

« Mon crâne est couronné avec les larmes, le sang et le deuil », a déclaré Roger Assaf, prononçant des mots émouvants. Ce grand dramaturge et écrivain a souligné le « lien assez profond entre la Tunisie et le Liban dans leur solidarité avec le peuple palestinien, aussi bien par leur passé réciproque, en temps de guerres et de révoltes, et la passion mutuelle qui est née au temps de l’expérimentation et de la recherche pour un théâtre propre à chacun de nos peuples ».

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Le passé lointain des Libanais et des Tunisiens remonte à l’Antiquité. L’homme de théâtre n’a pas manqué de l’honorer à sa manière, en invitant le public à un voyage dans le temps pour voir comment « l’armée romaine a détruit Carthage après avoir tué 200 mille personnes en plus de l’esclavage du reste de la population ».

« L’empire romain qui avait détruit Carthage n’existe plus, alors que Carthage porte aujourd’hui le flambeau de l’art vivant et de la pensée libre », conclut-il.

La compétition officielle des JTC réunit 11 spectacles, ainsi que 24 représentations parallèles, produites par des structures théâtrales professionnelles tunisiennes, arabes et africaines. Les pièces en lice pour les Tanits représentent la Côte d’Ivoire, l’Algérie, l’Egypte, les Emirats arabes unis, l’Irak, la Jordanie, le Koweït, le Maroc, la Syrie et la Tunisie.

Le jury de la compétition officielle est présidé par le Tunisien Wahid Essaâfi et est composé de Pierre Abi Saab (Liban), João Branco (Cap Vert), Naima Zitan (Maroc) et Odile Katese (Rwanda).

Les JTC se déroulent du 2 au 10 décembre dans différents lieux, mettant en vedette une sélection de 62 spectacles provenant de 28 pays.

 

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